Il y un an jour pour jour, je terminais l’une des expériences les plus bouleversantes de ma vie.
11 jours de retraite méditative Vipassana. En silence intégral. A raison de 11 heures de méditation quotidienne.
Cela fait quelque temps que je voulais vous en parler. Alors, pour fêter cet « anniversaire » et en hommage à deux amis, Sophie & Guillaume, qui ont partagé un petit et un grand bout de ma route en juillet dernier et sont actuellement en train de vivre à leur tour ce grand voyage au cœur de soi, elle au Panama et lui en Argentine, je vous raconte.
Vipassana est l’une des plus anciennes techniques de méditation de l’Inde. Elle a été redécouverte par Gothama le Buddha il y a plus de 2 500 ans et est enseignée comme remède universel aux maux humains.
C’est une méthode de transformation de soi par l’OBSERVATION DE SOI. Son objectif est l’atteinte du bonheur suprême par la libération des impuretés de notre esprit. Comme on fait du sport chaque jour pour avoir et entretenir un corps sain, on médite chaque jour pour développer et entretenir un esprit sain.
Je vous préviens, c’est difficile. Physiquement. Emotionnellement. Mentalement. Pour moi, ça a été un grand-huit intérieur pendant 11 jours. J’ai littéralement touché le fond le 5ème jour. J’ai voulu partir. Tout en sachant intimement que je ne le ferai pas, que j’avais choisi d’être là et que j’irai au bout, quoi qu’il m’en coûte.
Je suis remontée très haut à la surface dès le 6ème (grand-huit j’ai dit) quand m’est apparu, entre autres, comment transcender la douleur physique et l’utiliser pour ma méditation (11h en tailleur par jour, ça fait très mal).
Ne pas parler pendant 11 jours et éviter toute interaction visuelle avec l’autre, je l’ai vécu en revanche comme une bénédiction. Ca n’a pas été difficile. 11 jours de silence c’est un luxe incroyable que je m’offrais pour la première fois de toute ma vie.
C’est recommencer à parler et à interagir avec l’autre qui a été délicat. Les mots ne sont vraiment pas sortis spontanément, j’étais comme rouillée, au ralenti. D’autant plus que j’étais entourée de colombiens et que l’on attendait de moi de l’espagnol.
11 jours sans bruit, en pleine nature, sans avoir à parler, à paraître, à écouter. Juste au cœur de soi. Mais face à son bruit intérieur, confronté à la turbulence de son esprit.
11 jours pour apprendre à maitriser l’impétuosité de son esprit et ses conséquences néfastes sur sa vie. Pour observer objectivement le flux incessant de ses sensations physiques et de ses pensées. Les décomposer. Et inverser la tendance. Prendre le contrôle et ne plus se laisser contrôler.
Au fur et à mesure, l’esprit se calme et se concentre sur le présent plus aisément. Au fur et à mesure, la connexion à la nature et à soi se décuple.
J’ai contemplé les minutes comme jamais, savouré la beauté en chaque seconde. Tout paraît plus lent, plus intense, plus profond. Aucune échappatoire n’est possible car j’ai rendu à l’entrée mon téléphone, mon ordinateur, mon carnet de voyage, ma musique, mes stylos, mes livres, tout. Alors que j’expérimentais une conscience accrue de chaque instant exactement lorsqu’il était en train d’exister, paradoxalement, le temps s’est comme évanoui.
Ancrée comme jamais, en fusion avec mon environnement, en dialogue avec la nature, je suis entrée dans une parenthèse affranchie du temps et de l’espace.
11 jours pour apprendre à se détacher de ses désirs et de ses aversions. A faire l’expérience de l’impermanence de la vie et de toute chose en l’univers. Et pour comprendre que tant que l’on basera son bonheur sur des personnes ou des éléments extérieurs, par nature impermanents, on ne pourra être que malheureux.
11 jours de vie monastique pour découvrir, par l’expérience directe, la façon dont nous créons de la souffrance mentale et la manière de s’en libérer.
Moi qui n’ai jamais voulu ou envisagé de tatouage, j’ai vécu une expérience si forte que j’ai ressenti, ce fameux 6ème jour, le besoin viscéral de me tatouer l’un des enseignements les plus marquants pour moi. A même le bras, pour l’avoir à vie sous les yeux et ne plus jamais m’en éloigner.
Pas de tatoueur dans le centre évidemment. Une fois sortie, je ne l’ai pas fait car en fait c’est tatoué en moi, à même le cœur directement.
Je prévois une seconde retraite en 2018. En 2017, dans le même genre, je me suis offert une quête de vision, autre expérience très intense de retour à soi.
NB : il existe des centres Vipassana partout dans le monde, plus de 140 dont 2 en France. L’enseignement, la nourriture (végétarienne délicieuse, en tout cas dans mon centre en Colombie) et le logement sont intégralement gratuits. Vous pouvez faire une donation, selon vos moyens, à la fin pour donner la possibilité à d’autres de recevoir cet enseignement, si toutefois vous jugez qu’il vous a été bénéfique.
Si vous voulez en savoir davantage, vous trouverez beaucoup d’informations sur le site officiel : https://www.dhamma.org/fr/
Les inscriptions doivent s’anticiper en moyenne deux mois à l’avance et je vous recommande de vous inscrire dès l’ouverture, à la minute près car c’est très très prisé.